Ma chère Sécurité

Me voilà en face de toi !

Toi qui t’évertue depuis toujours à ériger des barrières, des limites, des remparts, des injonctions et des recommandations.

J’ai cru en toi comme l’enfant croit ses parents. Lorsqu’ils lui disent si souvent : « Fais attention ! C’est dangereux ! », alors qu’en leur cœur, ils disent : « Prends attention ! C’est d’Anges Heureux ! »

Je ne me suis pas posée plus de questions, j’ai écouté les vieux dictons.

Parce que toi, Sécurité, tu voulais un Monde de Paix, un Monde où tout danger est évincé !

Bien évidement que moi aussi, je souhaitais vivre dans ce même Monde, alors je t’ai écouté me dire et me prescrire, tous ces comportements qui se veulent bienveillants.

Mais dans le fond, à quelle voix j’obéissais ?

Ma très chère Sécurité, je sais aujourd’hui que tu me perdais. Ton besoin de sécuriser la Vie a fini par la limiter dans sa croissance, dans son Essence. Et avec toi, tu as invité l’Humanité.

Tu as commencé par avoir peur de la maladie, c’est toi même qui l’a nommé ainsi. Pourtant, l’expression de nos maux en est déjà la résolution et celle ci est plutôt à accueillir qu’à fuir.

Ensuite, cette peur étant inhérente à ta nature, tu as créé des potions pensant défier les troubles du Vivant, indéfiniment !

Et puis tu t’en es pris à la nourriture, lui trouvant sans cesse des défauts, pas même une ouverture, tu l’as privé de ses minéraux.

Je ne parle même plus de ses vitamines, qui font aujourd’hui bien triste mine, depuis que tu as exigé un cahier des charges qui vise à l’auto-sabotage !

Ma chère Sécurité, toutes tes normes, tes lois et tes croyances sur l’ordre et la foi, on fait, je crois, un Monde sans Vie où règne la peur et l’envie.

Chaque Être porte en Lui, sa Divinité et son Infini.

De cette équation, tu n’as pas su trouver ton équilibre, car celui ci, instable par définition, ne pouvait t’offrir l’éternité de ton corps en action.

Tu as préféré alors, quitter le Vivant, pour t’assurer un espace, entre l’irréel et le limitant. Moi même je t’ai cru et j’ai abondé dans ta vision à demi nue.

Aujourd’hui les Hommes t'acceptent comme l’assurance d’une réelle existence, niant à l’évidence, la nature intrinsèque de chaque être, doué de conscience.

Ma chère Sécurité, je viens te dire que face à toi, j’ai bien cru m’éveiller. Mais c’est illusoire car la sécurité comme tu l'entends, n’existe pas dans le Vivant.

Aucune garantie ne peut s’associer à la Vie. Sauf par Essence, la naissance et la mort, un autre de ses véritables trésors…

Je te rends donc, tes contrats d’assurance, qui font les choux gras de bien des obédiences, je te rend ta tranquillité, qui ne se base que sur l’insécurité et de cette liberté retrouvée, je m’offre à la Vie Incarnée.

Je suis bien consciente que ma chair est mortelle et pour autant, je ne vais pas souffrir à l’à venir, de cette échappée belle.

La matière est un état, je ne vais pas y signer de contrats me garantissant une éternité, puisque j’en connais l’absurdité !

Ma chère Sécurité, si j’ai peur de mourir ou de tout perdre, ce n’est pas en toi que je peux m’y confronter, c’est bien dans le Vivant, instable et intransigeant !

C'est en ce lieu précis que la Vie prend son Essence et m’invite à entrer dans la Danse !

Avec tout mon Amour

Claire Louis